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PRÉVENTION ET LUTTE Nouvelles mesures contre le chancre coloré du platane

Un nouvel arrêté du 31 janvier 2025 actualise et renforce le dispositif de lutte contre le chancre coloré du platane, en intégrant les évolutions de la réglementation européenne.

L’arrêté du 31 janvier 2025 actualise le dispositif de lutte contre le champignon. Il renforce en particulier les mesures de prévention et responsabilise l’ensemble des acteurs intervenant dans la gestion des platanes.

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Le chancre coloré du platane – causé par le champignon Ceratocystis platani (CERAFP), classé organisme de quarantaine en Europe (règlement d’exécution (UE) 2019/2072) – est une maladie grave qui menace les platanes en France.

Le ministère de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire a publié un arrêté, le 31 janvier dernier, entré en vigueur le lendemain de sa publication, qui abroge un précédent texte de 2015.
Le nouvel arrêté actualise et renforce le dispositif de lutte, en intégrant les évolutions de la réglementation européenne (1). Il s'adresse à un large public, allant des propriétaires de platanes aux collectivités territoriales, en passant par les professionnels du secteur agricole et forestier.

La lutte contre le chancre coloré du platane est obligatoire sur tout le territoire national. Toute personne est tenue de surveiller les arbres lui appartenant ou gérés par elle et de déclarer immédiatement la présence ou la suspicion de symptômes de la maladie au préfet de région.

Des zones délimitées qui peuvent être ajustées

En cas de confirmation officielle de la présence du chancre coloré, le préfet de région fixe le périmètre d’une zone délimitée aux fins de l'application de la stratégie d’éradication, en précisant la ou les zones infestées (rayon de 35 mètres autour des arbres atteints, pouvant être augmenté jusqu'à 50 mètres sur la base d'une analyse de risque) et une zone tampon comprenant au minimum les communes concernées.

L'arrêté de 2025 introduit la possibilité de restreindre la délimitation de la zone infestée à la seule rive où est présent le chancre coloré en bordure de cours d'eau ou de canaux, ou à la seule zone où il est présent à proximité d'infrastructures (chaussée, bâtiment).

Le service chargé de la protection des végétaux de la Draaf organise ou contrôle la surveillance annuelle mise en place dans les zones délimitées en éradication.

Les collectivités territoriales doivent mettre à disposition les cartographies des emplacements de leurs platanes lorsqu'elles existent et l'historique des travaux menés sur et à proximité des sujets de la zone infectée.

Lorsque la surveillance montre l'absence de symptômes du chancre coloré du platane dans une zone délimitée en éradication pendant une période de dix ans après la dernière constatation de sa présence dans cette zone, elle est reconnue exempte et donc supprimée.

Stratégies d'éradication et d'enrayement

Le texte distingue deux stratégies de lutte, avec des mesures spécifiques pour chacune :
- l’éradication implique l’abattage, le dessouchage ou la dévitalisation des souches, puis l’incinération de tous les platanes présents dans la zone infestée (dans un délai de deux mois, prorogé jusqu’à six mois sous conditions). La plantation de platanes dans une zone infestée en éradication est interdite ;
- pour l’enrayement, seuls les platanes infectés sont concernés. 

Seuls des spécimens résistants au chancre coloré peuvent être plantés, en respectant des conditions strictes (fosses de plantation de 6 à 8 m3 purgées de toute terre, manipulation délicate des plants pour éviter les blessures).

Le propriétaire est responsable de ces opérations, il doit les réaliser à ses frais. L'utilisation d'une rogneuse est interdite pour le dessouchage.

L'arrêté autorise l'application de produits phytopharmaceutiques pour la dévitalisation des platanes (usage « Traitements généraux* Dévitalisation* Arb. sur pied et souches ») à proximité directe des points d'eau.

Des travaux plus encadrés

Pour éviter la propagation du chancre coloré lors de travaux sur les platanes, des mesures de prophylaxie (nettoyage et désinfection des outils et engins) doivent être mises en place et intégrées dans les clauses des marchés de travaux, le cahier des charges ou le document contractuel du contrat conclu avec les entreprises de travaux.

L'utilisation de griffes anglaises ou de crampons est interdite, excepté lors des opérations d'abattage par démontage.

L'arrêté rend obligatoire une déclaration préalable auprès du service chargé de la protection des végétaux pour les interventions prévues dans les zones délimitées incluant un travail du sol ou une atteinte aux arbres (tronc, branches, racines (2)).

L'arrêté de 2025 oblige toute personne intervenant sur un platane dans le cadre des opérations de lutte à s'enregistrer au registre des opérateurs professionnels (article 65 du règlement (UE) 2016/2031) et à être reconnu apte à ces interventions par le préfet de région. Il soumet également les élagueurs et les personnes mettant en circulation du bois et des écorces de platane à des obligations d'enregistrement et de passeport phytosanitaire.

En ce qui concerne les déchets, les produits issus de l'abattage des platanes infectés doivent être gérés en privilégiant l'incinération sur place ou, en cas de dérogations (si incinération non autorisée ou en cas de valorisation à des fins énergétiques), en respectant les conditions de transport et de stockage définies par le préfet.

Toujours pour éviter la dissémination du champignon, il est interdit d'enlever et de transporter du sol provenant d'une zone infestée vers d'autres zones, sauf dérogation préfectorale.

En stratégie d'éradication, cette interdiction s'applique également aux boues de curage de plans d'eau ou de canaux.

Plante & Cité met à disposition sur son site internet un guide des bonnes pratiques qui devrait être actualisé prochainement pour tenir compte des nouvelles mesures de l’arrêté.

Plus sur le chancre coloré du platane et dans un article à venir dans Le Lien horticole n° 1145 de mai 2025.

(1) Notamment le règlement d’exécution (UE) 2022/1629 du 21 septembre 2022 établissant des mesures d’enrayement de Ceratocystis platani.
(2) Les interventions dans le sol effectuées dans un rayon allant du tronc jusqu'à 5 mètres au-delà de la projection de la canopée du platane sont considérées comme pouvant compromettre l'intégrité de ses racines.
*Arrêté NOR : AGRG2237643A du 31 janvier 2025, au JO du 6 février 2025.

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